Histoire des 2CC2 3400
et de la 2CC2 3402
Les 4 locomotives 2’Co-Co 2′ 3401 à 3404, ex 262 AE 1 à 4 furent commandées par la compagnie du Paris Lyon Méditerranée en octobre 1927 à Oerlikon et Batignolles en raison des bons résultats de la 3 301.
Leurs performances dépassent nettement celles des machines précédentes, car elles devaient être également, dans l’idée du PLM., les locomotives de rapides pour Marseille-Nice. Le programme prévoyait de remorquer un train de 600 t à 90 km/h en rampe de 8°/oo; cela conduisait aux puissances de 4.170 ch continus ou 5.340 unihoraire, chiffres remarquables qui firent à l’époque des 3.400 les locomotives à caisse unique les plus puissantes du monde. Les moteurs de traction peuvent-être groupés en 4 couplages: S-SP-PS et P, par contacteurs qui assurent également l’élimination des résistances et le shuntage. Il n’y a pas de récupération, c’est moins nécessaire pour une machine de vitesse.
La partie mécanique de cette locomotive, longue hors tampons de 23,8 m et pesant 159 t, est imposante, la caisse, du type poutre repose sur chaque truck par pivots sphériques et appuis latéraux.
Ces locomotives conçues il y a trente trois ans, ne sont pas déclassées (lors de la rédaction de ces lignes en 1960 -ndlr), même s’il faut maintenant moitié moins de poids pour faire le même travail, du moins en plaine; nous rappellerons simplement cette belle performance, de la 3401, en mars 1954, lorsqu’elle est venue de Lyon à Paris avec un train de messageries, retournée à Lyon avec les trains 609 et YD, dans le même horaire et avec la même charge qu’une CC 7100.
La Traction électrique en Savoie par François Fontaine – La Vie du Rail n° 777
Une locomotive encore plus puissante
Les essais de traction entrepris en 1929, dès leur livraison, entre Chambéry et St-Jean de Maurienne révèlent des performances étonnantes: elles remorquent des trains de 800 tonnes à 90 km/h à l’exception des 10 derniers kilomètres qui comportent des rampes de 15 mm/m, où la vitesse descend à 85 puis à 80 km/h, mais sans jamais utiliser le dernier cran de marche.
Ces résultats sont confirmés par de nouveaux essais en 1930 sur la ligne Bordeaux-Bayonne de la Compagnie du Midi, où un train de 600 tonnes effectue un trajet de 108,5 km en 59 minutes, démarrage et arrêt compris, soit une vitesse commerciale de plus de 110 km/h, que la locomotive s’avéra capable d’atteindre en 6 km seulement.
En pleine marche, la vitesse de 120 km/h put être soutenue sans utiliser toute la puissance de la locomotive.
Peu après la gare de Chambéry le 24 juillet 1971, la 2CC2 3403 qui se dirige sur voie 1 vers Modane en tête d’un lourd train de messagerie va quitter la zone de transition caténaire/3ème rail qui permet de passer d’un mode de captation à l’autre sans arrêt.
La 2CC2 3404 photographiée en gare de Modane en 1971 alors qu’elle se dirige vers le dépôt revêt une livrée fin de carrière un peu défraichie.la grande longueur des 2CC2
Gare de Chambéry coté Modane; la 2CC2 3404 refoule pour mise en tête sur le train qu’elle va assurer jusqu’à Modane. On distingue l’aide conducteur qui assiste le conducteur pour cette manœuvre de refoulement un peu délicate vue la grande longueur des 2CC2!
Partie de Chambéry, la 2CC2 3404 vient de passer le poste de cantonnement de Bois-Plan avec son omnibus à composition réduite qu’elle va mener jusqu’à Modane.
Quatre locomotives identiques seront construites à partir de 1929. La partie mécanique est étudiée par la Société Batignolles et réalisée en ateliers à Nantes par la Compagnie de Construction de Locomotives.
La partie électrique a été mise au point et réalisée par la Société Oerlikon. Les locomotives seront numérotées 262 AE 1 à 4.
Malgré sa masse importante de 159 t, sa grande longueur de 23,8 m, elle peut rouler jusqu’à 130 km/h (limitée à 120 km/h en service) grâce à la puissance de ses 6 moteurs doubles qui développent une puissance de 5340 chevaux en entraînant ses 6 essieux moteurs d’un diamètre d’1,65 m.
Lors de leur livraison, les 262 AE 1 à 4 sont les locomotives les plus puissantes du monde.
La carrière de la 2CC2 3402
Comme ses soeurs, la 2CC2 3402 effectue toute sa carrière sur la ligne de Chambéry à Modane. Elle ne verra jamais la Côte d’Azur, la ligne a été électrifiée par la SNCF en 1970 en 25 kV 50Hz.
Devant l’arrivée des nouvelles locomotives CC 6500, à l’issue de son ultime course sur Modane, le 26 avril 1974, elle est la dernière locomotive Maurienne à être retirée du service. A cette date, elle aura parcouru un total de: 4134537km, un record !
Dates d’amortissement
- 2CC2 3401: 20-09-1973 Parcours: 3.798.308 Km
- 2CC2 3402: 26-04-1974 Parcours: 4.134.537 Km
- 2CC2 3403: 31-10-1973 Parcours: 3.831.710 Km
- 2CC2 3404: Plus de dossier en archives
Comme ses 37 soeurs de la Maurienne, elle est promise à la découpe au chantier de ferraillage de Culoz.
Sauvée de justesse pour une éventuelle présentation au musée du chemin de fer à Mulhouse, elle est acheminée au dépôt de Clermont-Ferrand. Elle y reste pendant 10 ans jusqu’à ce que le dépôt soit démoli. Elle est alors abritée au dépôt de Montluçon où elle sombre dans l’oubli pendant 18 ans.
Après 28 ans d’exil, 4 ans de tractations, grâce à un petit groupe de Cheminots de Chambéry, la 2CC2 3402 retrouve sa rotonde natale, le 11 mai 2002, devant plus de 300 spectateurs stupéfaits et admiratifs. Voir notre récit de son rapatriement à Chambéry.
Afin de sauver la 2CC2 3402 de la démolition, la SNCF qui reste propriétaire de la locomotive, la confie aux bons soins d’une association spécialement créée pour en assurer la préservation ainsi qu’une remise en état de présentation.
Une 2CC2 3400 filant sur la ligne de la Maurienne à Paques 1974.